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Porter un regard prospectif sur la gestion de l’énergie en 2050 implique nécessairement de s’interroger sur les nouveaux modes de vies de notre société. La transition induite par la troisième révolution industrielle sera en effet éminemment énergétique mais aussi écologique, économique, sociale et culturelle. C’est pourquoi sa réussite tient autant en la stratégie globale de sa mise en oeuvre que dans les moyens techniques déployés et employés.
Sans naïveté, nous entrevoyons le monde dans 40 ans de façon confiante et positive, dans la continuité des mutations et des prises de conscience que nous identifions actuellement: plus de nature, de diversification, de mutable, de partage et d’égalité. Nous sommes cependant convaincus qu’à l’heure de l’avènement numérique, où tout se transmet instantanément et à distance, il ne suffit plus simplement d’échanger - de l’électricité par exemple - mais qu’il est capital de penser et de qualifier les lieux physiques de ces échanges comme le support de réelles synergies entre les personnes.
Il apparaît que l’agglomération de Lille revêt un caractère assez minéral, et n’est pas très bien dotée en grands espaces urbains. Pourtant, alors que l’on se trouve à seulement 15 mn à pied du centre-ville, on ressent le long du quartier Vauban, une proximité insolite avec la nature. Paradoxalement, la Deûle qui se trouve à quelques pas demeure très peu visible et la ville semble lui tourner le dos. Nous pensons donc qu’en premier lieu, le projet EDF doit proposer une reconquête de la nature en ville et recréer un lien avec l’eau – promenade, activités nautiques etc.
Nous avons donc remis en question le profil du boulevard urbain prévu sur le boulevard de Lorraine et imaginé l’installation d’un « parc linéaire » entre ville et eau, pouvant s’étendre jusqu’au parc de la Deûle, qui agirait comme un « dispositif spatial malléable ». Un lieu permettant de multiples usages et capable d’accueillir des événements tout en restant neutre quand il n’y en a pas. Ce grand espace naturel permettra également d’insérer les infrastructures différemment, et de générer des franchissements beaucoup plus légers. Le tram train pourrait par exemple être intégré à ce « parkway » afin que le Technopole et le quartier Vauban soient mieux reliés entre eux.
Nous pensons par ailleurs qu’au lieu d’installer une bande construite le long du Boulevard de Lorraine il serait plus intéressant de penser des structures ayant des relations très proches avec l’eau et le parc pouvant s’installer au fil de la mutation des hangars du port sec. Ces structures peuvent être des plateaux support de mixités de programmes : bureaux, logements, commerces, activités … Mais aussi des structures capables qui peuvent abriter des parkings, notamment récupérer le stationnement des îlots anciens et muter vers d’autres fonctions au fur et à mesure que les comportements changent : co-voiturage/ auto partage.
Le site de projet, ainsi connecté à la Deûle par un nouvel espace ouvert, proche de la sortie du métro Port de Lille, au pied du franchissement avec Bois Blancs et « agrafé » au pentagone lillois par la place du Maréchal Leclerc pourrait ainsi, bien que la densité de bâtiment soit différente, devenir une vraie destination à l’est de la métropole et créer une sorte d’équilibre avec la gare Saint Sauveur.
Le projet urbain s’inscrit harmonieusement dans une écriture urbaine existante en convoquant les notions d’héritage et de patrimoine. Les changements d’usages des bâtiments à travers l’histoire sont caractéristiques du quartier Vauban - Esquermes. C’est pourquoi nous priorisons la valorisation du déjà-là, et le recyclage des bâtiments existants. Sur ce principe, le projet s’insère en continuité de la forme urbaine de l’îlot habité et organisé autour de jardins privés ou collectifs. La figure de l’enceinte est en effet clairement visible et identitaire du quartier ce qui permet de proposer de nouveaux volumes qui vont en conforter le dessin. On imagine ensuite aisément, lorsque la voiture sera moins présente, que tous les îlots puissent être «nettoyés» des parkings, redevenir perméables et générer des micro-climats, des îlots de fraîcheur agréables à vivre.
Le secteur Vauban-Esquermes est caractérisé par l’omniprésence des fonctions éducatives - 15 000 étudiants pour 17 000 habitants - et culturelles et constitue déjà une forme de centralité par la concentration de ses équipements : le lycée Saint Jean Baptiste de la Salle, les collèges Lévi-Strauss et Saint Pierre, le Campus Saint Camille, les salles de quartier, le gymnase, la future extension de la mairie et surtout l’Université catholique qui y est implantée depuis 1975.
Celui-ci manque cependant de lisibilité et ses programmes de liens entre eux. C’est pourquoi, le projet doit les décloisonner et les connecter notamment en mettant en place des continuités piétonnes à travers les îlots. Pour cette raison, nous avons élargi notre périmètre de réflexion à trois îlots supplémentaires que nous avons interprétés comme un seul grand îlot universitaire. Nous fermons la rue Lestiboudois, complétons le dessin des îlot et créons des connexions en rapport avec les écoles.
Nous pensons effectivement, que le meilleur moyen d’ouvrir l’université sur la ville est de l’inscrire dans un schéma urbain clair, dont les ouvertures et les perméabilités seront stratégiquement placées en lien avec des programmes spécifiques.
Il faudrait en effet pouvoir cheminer aisément de la place du Maréchal Leclerc jusqu’à la Deûle, de la nouvelle mairie de quartier jusqu’au métro etc. Ces notions de parcours et de flux piétons sont à mettre en résonance avec « le parc linéaire de la Deûle » qui pourra, à certains endroits stratégiques, pénétrer plus à l’intérieur de la ville.
Ce pourrait être le cas autour de la résidence Leroux de Fauquemont. Au pied du pont, et à la sortie du métro - et éventuellement au croisement avec le futur tram train - il est possible d’imaginer réhabiliter cette tour vieillissante et créer une sorte de Landmark. La nouvelle place, en continuité avec le parc linéaire pourrait jouer un rôle pédagogique en accueillant une pépinière servant à planter les cœurs d’îlots du quartier au fil des ans, mais aussi en rénovant les anciennes habitations de la caserne militaire en «folies» avec des interventions artistiques. Nouveau hub de mobilité alternative, la place, proposerait une programmation spécifique et liée à ’espace public : location vélo, réparation vélo, buvette …
Dans un contexte pacifié et à l’échelle de l’îlot, le concours Bas Carbone est l’occasion de faire prendre forme à nos objectifs de synergie et d’échanges. L’idée n’est pas de parachuter un bâtiment voyeuriste ou résolument futuriste mais de proposer un projet démonstrateur portant la question urbaine au niveau social et plus seulement au niveau spatial. De quels lieux, formes urbaines, bâtiments notre société va-t-elle avoir besoin?
Nos façons d’habiter, d’étudier, de travailler, de nous déplacer sont en pleine transformation. Il faut donc d’une part être attentif aux besoins actuels que cela engendre mais aussi permettre une réversibilité de la ville pour les usages futurs que nous n’identifions pas encore. Le système universitaire tend par exemple vers une gestion bien plus flexible de ses locaux. Les groupes de travail remplaceront potentiellement de grands amphithéâtres, pendant que des cours filmés seront dispensés à distance et diffusés en ligne. L’université de demain devient un lieu de rencontre et d’échanges relativisant les temps obligés au profit des temps choisis et des espaces informels. Dans les mêmes échelles de temps, alors que les logements sont toujours plus petits, le télétravail pourrait atteindre 50% d’ici 20 ans. Or, pour permettre une telle expansion, des équipements spécifiques de proximité capables d’abriter ce mode d’activité seront nécessaires.
Nous croyons que l’hyper-accessibilité et le tout wifi nécessitent absolument d’être équilibrés par la présence de lieux de rencontres physiques. Un des grands enjeux urbains des prochaines années réside donc dans notre capacité à intégrer à la ville de nouveaux lieux propices aux échanges, dans lesquels nous pourrons travailler à distance comme salarié, consultant ou indépendant, sociabiliser, boire un verre le soir ou le week-end, etc.
Nous avons donc imaginé un système basé sur l’élasticité programmatique des rez-de-chaussée d’immeubles comme l’outil de gestion de l’évolutivité des usages, profitant de leur convivialité envers l’espace urbain. A São Paulo par exemple, les rez-de-chaussée du centre sportif et culturel SESC Pompeia de Lina Bo Bardi sont investis par les retraités qui viennent y jouer aux échecs, lire le journal, boire un coup et profiter d’une exposition. Ces lieux hybrides pourraient intégrer de nouvelles fonctions comme des conciergeries, des programmes temporaires, des lieux d’accueil pour les nouveaux habitants afin de leur offrir une meilleure appréhension du territoire.
Ils pourront aussi permettre de nouveaux systèmes économiques tels que ceux imaginés par Finn Geipel dans ses recherches au sein des Ateliers du Grand Paris : il s’agirait d’appliquer des micro-plateformes commerciales dotées de lieux de services, commerces, échanges, etc. Des lieux d’interface entre espaces privés et publics. Ce modèle agirait par association d’acteurs, comme par exemple : des producteurs locaux ayant accès à un lieu de distribution, à une banque, à un organisme de transport, à une borne de mobilité ou encore à une supérette express.
Cette réflexion sur les nouvelles formes urbaines peut également s’étendre aux équipements publics : mutualisation possible des salles de réunions avec des locaux associatifs ouverts au public dans les écoles, les mairies, etc.
Sur ce principe de réversibilité et d’adaptabilité, nous avons recomposé l’enceinte de l’îlot EDF avec des logements qui s’inscrivent dans la continuité urbaine de l’existant mais dont les rez-de-chaussée ont une hauteur libre relativement importante pour garantir leur mutabilité en commerce, en popup store ou lieu de télé-travail par exemple.
De la même façon nous avons souhaité conserver la halle en béton comme un espace libre traversant pouvant être un véritable espace polyvalent Multi-usages. Un lieu convivial, qui puisse servir aux habitants et aux étudiants pas simplement à l’échelle de l’îlot mais aussi à l’échelle du quartier Vauban-Esquermes.
Nous profitons également de la taille plus importante de cet îlot pour y implanter un équipement d’envergure qui permet de conforter cette nouvelle polarité à l’échelle de l’agglomération. La mairie de quartier est plutôt placée en cœur d’îlot à la croisée des parcours piétons et permet d’articuler les nouveaux espaces ouverts.
La ville est ainsi pensée comme une infrastructure générale partagée beaucoup plus indifférenciée et dotée d’ espaces multifonctionnels réorganisés autour de la fonction résidentielle. Cela permet de limiter la consommation d’espace, la consommation énergétique et surtout de maintenir une intensité urbaine basée sur la convivialité et les liens sociaux.