LE SAINT, CARNET TECHNIQUE, 2021
À l’occasion de l’exposition Genius Loci dans la Villa l’Ange Volant de Gio Ponti (érigée en 1927) et à l'invitation de la commissaire d'exposition Marion Vignal, Franklin Azzi a conçu une installation lumineuse, LE SAINT. Telle une auréole, cet anneau en néon et acier, suspendu à l’extérieur, offre un écho poétique à la figure de l’ange.
Flottant comme par miracle dans l’air et l’espace, bravant les lois de la gravité, Le SAINT, à la manière d’un signal, appelle le regard avec élégance et subtilité. Il ne s’impose pas, il diffuse son aura lumineuse dans le ciel. C’est un signe visuel vers lequel tout converge. Se situant à mi-chemin entre art et ingénierie technique, Le SAINT témoigne de l’intérêt profond de Franklin Azzi pour le minimalisme. On pense à Dan Flavin et ses structures en néon, bien entendu, mais aussi à Donald Judd avec lequel il partage nombre de préoccupations esthétiques : l’attention portée à l’échelle de l’oeuvre, sa mise en relation avec l’environnement. Une appréhension de l’espace qui fait appel tant aux compétences de l’architecte que du sculpteur, refusant ainsi les frontières entre les différentes disciplines. Franklin Azzi révèle également sa fidélité à l’esprit minimaliste dans la fabrication même de l’oeuvre : dépouillement formel, recours à la géométrie, emploi de matériaux industriels dont le fini lisse et impersonnel, débarrassé de toute subjectivité, contribue à révéler les conditions de perception de l’oeuvre, dans le temps et dans l’espace. Cet attachement à la problématique du lieu trahit également l’attention portée par Franklin Azzi aux artistes du Land Art, à Robert Smithson en particulier, tant pour ses premiers travaux aux formes pures et minimales, que pour ses interventions dans la nature sous-tendues par la notion d’entropie.
Par son écriture sobre et épurée, Le SAINT de Franklin Azzi marque l’extérieur de la Villa de l’Ange Volant d’une empreinte signifiante et discrète, tout en respectant l’histoire et le contexte.
Domitille d'Orgeval, critique d’art et commissaire d’exposition
Une oeuvre en connexion
LE SAINT révèle un processus technique complexe, tant sur les phases d’études que sur la conception et l’installation in situ. Franklin Azzi a fait appel à des savoir-faire d’excellence. Compagnons de France ainsi qu’artisans et ingénieurs sont intervenus tout au long des différentes étapes de création.
L’anneau réalisé par les ferronniers d’art Dunod Mallier est composé d’un alliage d’acier en métallerie fine - l’accord parfait entre résistance et légèreté. L’innovation réside à la fois dans la fabrication sur mesure, la recherche de matières, le souci du détail, la finesse des assemblages, le choix des accessoires, les patines et les finitions.
Les souffleurs de verre Vito Enseignes, atelier artisanal, ont façonné les tubes de néon filiformes (quatre segments d’un diamètre de 14 millimètres) s’insérant subtilement dans le cerclage métallique.
C&E Ingénierie a étudié les différents points de forces, distance et tension nécessaires à la définition des points d’accroche des câbles permettant à la structure de s’élever dans les arbres à une hauteur de 3 mètres. Une attention particulière a été portée sur l’horizontalité et la stabilité de l’anneau.
Enfin, le montage de l’oeuvre a été réalisé par les cordistes d’Hévéa. Au-delà de l’agilité dont ils ont fait preuve pour appréhender les 5 arbres, un ajustement individuel a été réalisé en fonction de leur espèce et morphologie.
LE SAINT, installation artistique, s’inscrit dans la volonté de Franklin Azzi d’allier l’art et l’artisanat, la beauté et la matière.